Des nouvelles.

Depuis que nous avons ouvert ce blog, nous recevons régulièrement des articles de Tunisie,  d’Egypte, de Libye, de personnes présentes aux côté de ceux et celles qui luttent.
C’est ainsi qu’il y a quelques semaines nous avons commencé à recevoir des témoignages depuis Misrata, en Libye, alors que les nouvelles dans les médias français de ce qu’il se passait sur place se faisaient de plus en plus rares.
Nous avons malheureusement appris que l’un des auteurs de ces témoignages et articles, Baptiste, a été grièvement blessé par balle. Ses amis font circuler un texte pour donner quelques nouvelles, nous le reproduisons ci-après. Nous sommes de tout coeur avec eux, et espérons qu’il pourra être transporté et opéré le plus rapidement possible. (Nous pouvons faire suivre tout message qui leur serait destiné. L’adresse mail du blog est la suivante : enroute@riseup.net).

Si on parle de Baptiste*, c’est parce que, par malchance, une balle perdue des forces kadhafistes l’a gravement blessé dans une rue de Misrata, à plus de deux kilomètres des zones de combats. Il a connu et nous connaissons avec lui ce que vivent les gens de cette ville depuis deux mois, quand ils se déplacent dans la rue, défendant leurs quartiers ou leurs maisons des armes de Kadhafi, ou font simplement leur vaisselle dans la visée d’un sniper. Soutenir le peuple veut aussi dire assumer les risques qui sont les siens.

Nous sommes venus ici avec lui depuis plus d’un mois pour soutenir cette révolution, et ce soutien, nous l’exprimons par les différents médias libres auxquels nous participons sur internet. Nous envoyions nos textes à différents sites – Rue 89 avait notamment publié l’un de nos articles sur la situation à Misrata. Dans cette guerre, rendre visible la vie qui s’invente c’est un front en tant que tel. Et, si nous avons pu amener de la force à ceux qui luttaient c’est surtout en étant présents auprès de Libyens à des moments ou ils se sentaient abandonnés par toute la Terre.

La blessure qu’il a reçu au cou oblige maintenant Baptiste à être opéré rapidement hors de Libye, pour survivre. Au regard de son état, les moyens de transports disponibles sont pour l’instant totalement inadaptés. Seul un hélicoptère médical pourrait l’évacuer. Pour ces raisons, il faut que la France, dont les bateaux sont a dix kilomètres de la ville, trouve une possibilité d’évacuation sûre. Des hélicoptères survolent parfois Misrata.
La diplomatie française, déjà engagée aux cotés du nouvel État libyen, pourrait mettre ces moyens à notre portée pour sauver notre ami.

Nous remercions les amis libyens qui nous ont aidés depuis notre arrivée, et qui, pour la plupart, ont déjà vécu plusieurs expériences similaires depuis le début de la révolte. Les insurgés ne sont pas les simples victimes d’un tyran, ce sont des hommes libres qui ont décidé comment vivre ou mourir.

Des reporters freelance amis de Baptiste.

*Pour l’instant, nous ne communiquons pas son nom par respect pour la famille.

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17 commentaires pour Des nouvelles.

  1. Henri lefèvre dit :

    Après avoir sollicité le Ministère des Affaires Etrangères, voilà leur réponse :

    le Centre de crise du ministère peut être joint au 01 53 59 11 00

  2. Merci à Baptiste et autres « petites » voix qui nous transmettent la soif de liberté des libyens.

    Puissiez-vous transmettre à ces voix nos sentiments de soutien pour eux et les libyens ; vos aspirations sont légitimes, vos souffrances injustifiées, et votre destinée occupe nos pensées.

  3. Valerio dit :

    Mi associo alla richiesta di evacuazione per « Baptiste ».
    I support the request for « Baptiste » evacuation.

    Thank you very much for your work.

    Valerio
    http://in30secondi.altervista.org/
    http://in30secondi.altervista.org/2011/04/26/libia-arriva-il-ghibli/

  4. OLEK dit :

    Merci à vous, vos témoignages donnent une bien meilleure idée de la situation que les mots lisses de la presse traditionnelle. Bonne chance pour Batiste, et encore merci.

  5. Romain dit :

    Bon courage à Baptiste !
    Merci à vous, on est nombreux derrière vous.

  6. Ping : EN ROUTE - Un blogueur français blessé en Libye - Big Browser - Blog LeMonde.fr

  7. Véronique Pons dit :

    Selon la presse de ce soir, un bateau transportant un millier de personnes évacuées de Misrata, dont des centaines de réfugiés nigériens et un blogueur français grièvement blessé, est arrivé jeudi à Benghazi. Il devrait donc à cette heure avoir été pris en charge par un hôpital de cette ville mieux équipée et surtout sûre.

  8. ReineRoro dit :

    Merci à vous tous. Courage et bon rétablissement à baptiste

  9. patrice dit :

    Merci.

  10. Alberto Peregrino dit :

    Puisse-t-il s’en sortir. Remerciements à lui et à ses camarades qui risquent leur vie pour nous informer de l’intérieur, au plus près de ces insurgés courageux et avides de libertés. Une petite question cependant, pourquoi utiliser le mot « shebab » pour désigner les insurgés ? Ce sont les insurgés eux-mêmes qui se sont désignés ainsi, ou bien vous-mêmes ? Cela m’échappe, et me gêne, car ce mot dans ma tête me tourne vers la milice islamiste par trop violente et extrême du même nom qui officie en Somalie. Que signifie shebab en réalité ? Je m’informe, m’interroge, mais ne critique pas, n’ayant peu de connaissances sur le sujet. Merci à vous. Continuez votre travail si précieux, car hors-formatage.
    Fraternellement, Alberto Peregrino.

    • misrat dit :

      Shebab veut dire litteralement ‘les gars’, son utilisation litteraire signifie davantage « la jeunesse », mais on l’utilise pour parler a des groupes de types de 50 ans comme a des types de 20, a des femmes memes parfois. Le mot peut etre aussi dit a un seul, mais est souvent employe dans le sens « du peuple », dans cette derniere acception, il peut aussi designer les partisants de la revolution, parfois s’apelant eux-meme negalement « tewar » soit litteralement « rebelles », mais cette definition ne fait pas l’unanimite. Autant dire que c’est un mot que dans cette guerre, on entend tout le temps.

      • Remugle dit :

        Si on peut faire le pédant arabisant, pas confondre « Shab » -shin-alif-ba, jeune, pluriel « shebab », genre cheb Kaled, le chanteur, jeune Khaled; au feminin sheba, pluriel shebaba, et « sh’ab », shin-‘ayn-ba, le peuple… par Allah, quand est-ce qu’on va s’y mettre à parler un peu l’arabe, , dans notre pays avec 6 millions d’arabophones potentiels, et tout autant nos racines que la latinité ???
        Bravo pour le boulot….

  11. Véronique Pons dit :

    L’équipée de six jeunes blogueurs français dans la ville libyenne assiégée de Misrata a mal tourné, l’un risquant de rester paralysé après avoir été touché par une balle perdue.
    «Nous ne sommes pas venus ici pour couvrir une guerre, nous voulions juste voir une révolution comme celle en Tunisie», a confié l’un d’entre eux lors d’une rencontre avec la presse vendredi à Benghazi, le fief de la rébellion dans l’est de la Libye.
    Les quatre hommes et deux femmes s’étaient rendus à Misrata fin mars, s’attendant à une chute rapide du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, confronté à une insurrection depuis la mi-février.
    Mais les combats se sont intensifiés après leur arrivée et les six jeunes blogueurs, âgés de 24 à 26 ans et qui s’étaient rencontrés sur les bancs de l’université à Rennes (ouest de la France), ont décidé de rester pour témoigner de la situation dans cette ville portuaire de l’ouest de la Libye, la troisième du pays.
    Pendant plusieurs semaines ils ont posté sur l’internet des vidéos et écrit des blogs pour le site français d’information Rue89. Jusqu’au jour où l’un d’entre eux, Baptiste Dubonnet, a été touché par une balle au cou.
    «Nous marchions dans la rue et soudain j’ai vu que Baptiste était tombé. Il avait été touché au cou. Il y avait beaucoup de sang et nous l’avons emmené à l’hôpital», dit l’un de ses camarades.
    Les attaques menées par les forces loyales au colonel Kadhafi ont retardé pendant plusieurs jours son évacuation de Misrata vers Benghazi. Ce n’est que jeudi qu’il est arrivé dans le fief des rebelles après un voyage de dix-sept heures dans un bateau où les autorités françaises avaient installé une unité de soins intensifs.
    Baptiste Dubonnet, qui selon ses camarades vient de Lyon (sud de la France), est maintenant soigné dans un hôpital de Benghazi. Selon les médecins, il est paralysé en dessous de la ceinture et son état est critique mais stable.
    Ses camarades, qui ont refusé de donner leurs noms lors d’une conférence de presse organisée à Benghazi, y ont fait un exposé avec présentation de graphiques animés sur les souffrances de la population de Misrata et affirmé qu’ils ne regrettaient pas d’être venus en Libye.
    Interrogés pour savoir s’ils n’estimaient pas irresponsable de venir dans une zone de guerre sans assurance médicale, sans entraînement spécifique et sans parler l’arabe, l’une des blogueuses a répondu: «Je ne pense pas».
    «Notre présence a apporté un soutien moral à la révolution», a affirmé un autre, portant un pin à l’emblème de la révolution libyenne.
    «C’est de la folie», affirme toutefois un responsable d’une équipe de sécurité engagée par un grand média international. «C’est l’exemple typique d’individus qui n’ont aucun entraînement ni aucune expérience des zones de conflit et qui vont dans un endroit où l’on sait que les risques sont élevés», estime-t-il sous couvert de l’anonymat.
    Même les journalistes les plus expérimentés comptent parmi les victimes de la guerre en Libye. Les photographes de guerre Chris Hondros et Tim Hetherington ont été tués à Misrata le 20 avril.
    Ned Parker, un journaliste américain qui a couvert la guerre en Irak dès son début en 2003 et qui vient de quitter Misrata après y avoir passé plusieurs semaines, a exprimé son admiration pour Baptiste Dubonnet.
    «C’est un journaliste courageux qui couvrait l’évènement dans la meilleure tradition du journalisme. Il a été touché par une balle perdue et cela aurait pu arriver à n’importe qui», a-t-il déclaré à l’AFP.
    A Benghazi, les blogueurs déplorent que les autorités françaises n’aient pas envoyé d’avion militaire pour évacuer Baptiste Dubonnet. Ils les accusent aussi d’avoir donné leurs noms à la presse sans leur accord.
    Après avoir financé leur voyage en Libye sur leurs propres deniers, ils espèrent pouvoir vendre leurs reportages à leur retour en France.
    AFP

    Publié le 30/04/2011

  12. Françoise dit :

    Bravo pour votre courage. Vous n’êtes pas fous ! C’est notre indifférence et notre immobilité à tous qui est folie. Vous êtes frères, vous êtes de vrais Hommes. Courage Baptiste, mille pensées pour toi.

  13. Habib dit :

    Baptiste et les autres camarades qui ont assumé cette tâche immense de nous informer sur la réalité du terrain en Lybie, nous ont fait une offrande inestimable.
    Peut-être du point de vue professionnel d’un journaliste c’est de la folie que d’aller risquer sa vie en s’immergeant dans la réalité d’une guerre révolutionnaire, mais pour quelqu’un qui aspire justement à cette révolution, ce n’est que répondre à un appel intérieur; un sentiment qu’à des degrés divers, partagent certainement tous les amis qui ont suivi les reportages de cette équipe; Baptiste et ses amis ont été nos yeux et nos oreilles et par leur présence ont permis à des centaines de personnes de sentir la révolution , d’enrichir leur réflexion , discuter des options… c’est participer à l’histoire collective qui s’écrit sous nos yeux; les mots seront insuffisants pour exprimer notre gratitude envers eux…

  14. ping dit :

    Très bien ce blog. Ca change de rue89 ou de libé qui a part jouer à l’auxilliaire de police, voire d’être « la police » elle même ne savent pas faire grand chose. Merci a vous, ça fais du bien de vous lire. Plein de force pour baptiste.

  15. mcc43 dit :

    Excusè mois, dans le meme period, apres que l’armèe libyenne a quittè la ville e le rebels ont le command, 105 enfants dans un orphelinat, chargè sur un bateau pour une destination inconnue.
    une interrogation d’une deputé itlaienne à Strasbourg. (A questo proposito, in Italia si muove la deputata del Pdl Souad Sbai che annuncia: « Come associazione ‘Acmid-Donna’ presenteremo nelle prossime ore una denuncia alla Corte Europea dei Diritti dell’Uomo a Strasburgo per sapere immediatamente che fine hanno fatto i 105 bambini scomparsi dall’Istituto di Misurata e caricati su una nave, di cui non si hanno più notizie ».)
    et ici? rien? Avez vou de nouvelles maintenant??

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