Un point sur le site et quelques nouvelles.

Ces derniers jours, plusieurs personnes nous ont envoyé des traductions de certains textes publiés ici – nous les en remercions. Nous avons donc regroupé ces traductions anglaises, allemandes et italiennes dans des pages à part.

En Egypte, c’est demain (samedi) qu’aura lieu le référendum sur la constitution. Ce vote participe, avec la lourde répression opérée par l’armée, du gel du processus révolutionnaire. C’est en tout cas ce que décrivent des amis présents sur place. L’envoi d’opposants en prison ainsi que la torture continuent.. Le pouvoir militaire semble craindre de nouvelles manifestations, et une réoccupation de la place Tahrir, qui fut violemment évacuée il y a une semaine.

En Libye, la situation est confuse depuis plusieurs jours : depuis que les insurgés ont commencé à reculer face à l’avancée des troupes de Kadhafi. Un grand nombre de journalistes occidentaux ayant à ce moment-là quitté le pays, les médias se sont mis à relayer les communiqués du clan Kadhafi et du gouvernement de transition, les uns comme les autres offrant une vision biaisée de la situation.. Ainsi, alors que mercredi la ville d’Ajdabiyah était annoncée comme prise par les loyalistes, hier et aujourd’hui des combats s’y déroulaient encore. A Benghazi, la situation commençait à se tendre. Les soldats de Kadhafi faits prisonniers ont été transférés ailleurs, de peur qu’en cas de siège de la ville ils ne soient lynchés.
Des amis, toujours sur place, entre Benghazi et le front, ont répondu à un certain nombre de questions (notamment posées par des lecteurs de ce site) dans un long article. D’autres questions ont trouvé réponses dans les commentaires d’un précédent texte.
Par ailleurs, ils nous ont envoyé aujourd’hui ces quelques nouvelles :

Nous voulons corriger certaines choses que nous avons écrites sur l’armée et qui ne sont plus d’actualité. Ainsi, du côté des insurgés, l’armée organisée ne reste plus en arrière, et semble désormais entièrement partie sur le front. Les hommes formés dans la caserne ont rejoint les shebab, et seules les forces spéciales et les katiouchas sont encore liées à une hiérarchie claire. De plus, nous nous sommes rendus dans la localite de Quefia qui est un endroit plein de gens ayant combattu à Ras Lanouf et Brega. Nous y avons rencontré les hommes de la défense cotière, qui est remarquablement organisée, dans une zone stratégique de passage des avions. Leur système, basé sur une bonne communication entre les postes, a permis la destruction hier d’un avion de type Sukoi. De plus, avant l’établissement de la no fly zone (la fameuse zone d’exclusion aérienne), des avions ont pu aller soutenir les troupes insurgées combattant à Ajdebiyah, sans pour autant se faire dégomer par leurs défenses anti-aériennes.

Evidemment, l’événement d’hier c’est l’annonce de la mise en place par l’ONU d’une « no fly zone ». Il y a peu, tout le monde se disait que tactiquement cette zone d’exclusion aérienne ne changerait pas grand chose (ce qui est vrai), et personne n’osait encore trop croire à sa création dans l’ambiance de défaite générale. Mais la joie qui a résulté de cette annonce a été énorme, cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu autant de monde sur la corniche. La nouvelle est tombée après le diner. Immédiatement tout le monde s’est mis à tirer en l’air. C’était un veritable feu d’artifice de balles traçantes. Tous les gars avec qui nous étions sont sortis fêter l’événement, effectuant un rodéo en voiture dans les rues de la ville tout en vidant quelques chargeurs. Un commercant nous a tous offert à boire. C’était la fête…
Les libyens se sentent à nouveau forts ; les partisans de Kadhafis se savent menacés.

Benghazi, le 18 mars


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